jeudi 6 août 2009

Flash back...decembre 2004

Le commencement...





23 octobre 2004 : Alain, 49 ans, frere de tonton et beau papa de moi (pas tres français tout çà!) décéde d'une crise cardiaque...un soir, si tranquille, un repas en famille, une routine mais qui s'avere dramatique. Comment se remettre de l'echec de tentative de réanimation d'un etre cher, 25 minutes de massage cardiaque et de bouche à bouche avant le relais des pompiers, au fond de moi, je savais qu'il etait mort, mais qu'importe je n'aurais pas abandonné. C'est le medecin du SAMU qui m'annoncera, enfin qui repondra à ma question d'un oui affirmatif quand à son départ...


Je dois avouer que durant toute ses années, mon travail de deuil est compromis par ce sentiment de culpabilité de ne pas avoir reussit. Certains me diront que je vis avec, et pour faire de l'auto protection bien egoiste, j'evite d'en parler. je n'accepte pas l'echec dans tout les domaine de ma vie alors dans celui d'une question de survie encore moins...Sans comparaison, j'ai beaucoup de mal a accepter la mort d'un de mes patients...


Serge, a tres mal vecut le décès de son frere, qui intervient encore dans le cadre d'un probleme cardiaque, cela lui rappelle tristement la mort de leur pere à 50 ans aussi.





20 décembre 2004 : "J'ai passé ma nuit aux urgences, probleme cardiaque...mal dans la poitrine, difficulté à respirer, viens me voir stp..." voici le resumé de notre conversation telephonique...





J'accourt à l'hopital...on parle de faire une coronarographie (examen qui consiste à visionner les coronaires) 3 jours de passé dans un autre hopital...Il a mauvaise mine, je suis inquiete, j'essaye de grapiller des info aupres de l'infirmiere, qui elle, ne sait pas grand chose...elle ne m'apprend rien quand elle me parle de dyspnée (difficulté a respirer), s'ensuit une bousculade de questions auxquelles elle ne peut repondre, ok, elle n'est pas medecin mais que fou mon oncle dans un service d'hebergement alors que son cas releve d'une surveillance continue??? Ca y est, le ton est donné, je suis la chieuse de service...je transmet mes coordonnées pour parler au medecin...il ne m'appelera jamais...





retour de coro, Tonton me parle d'un eventuel pontage aorto-coronarien qui doit se faire sur Paris, chose qui ne veut pas puisque je travaille dans un centre mondialement reputé de cardiologie...les medecins ne lui laisse pas le choix...c'est ce qu'on va voir...





A ce moment là, j'ai vite comprit l'urgence gravissime, par chance, je rencontre un chirurgien de l'hopital où je travaille, en lui expliquant rapidement le cas, il me donne le ton et accepte de faire hospitaliser ici...je repars avec le numero personnel du chirurgien que je m'empresse d'aller porter à l'infirmiere de Tonton...Je m'ennerve en lui donnant les info, il y a deux solution, soit le medecin appelle le chirurgien dans l'apres midi afin d'organiser son tranfert dans les meilleures conditions possibles soit demain matin, mon oncle sortira contre avis medical pour aller se faire rehospitalisé dans l'autre hopital...

La reponse ne se fait pas attendre, 2h plus tard, le transfert est organisé pour le lendemain matin...(Quel soulagement mais aussi quelle colere de devoir toujours se battre pour se faire entendre...)



28 décembre 2004 : Tonton decouvre sa nouvelle chambre, elle est située juste à coté du service ou je travaille...on prevoit déjà de boire nos petits cafés ensemble...Moral au beau fixe...Bizarrement, l'angoisse de l'operation du lendemain ne parait pas, pour lui, pour moi, il est déjà sauver...Notre optimissme payera...je le sais, je le sens...A 19h, viens l'heure de le quitter, nous fumons une cigarette ensemble, il me dit "c'est la derniere..." Tonton a décidé d'arreter de fumer...La journée de demain sera longue pour nous, pas pour lui, Monsieur sera bercé par les produits anesthesiants et peut etre par une belle infirmiere...le ton est toujours le meme, nous plaisantons de tout et de rien, à vrai dire, il ne nous faut pas grand chose pour rire...C'est çà, la joie de vivre!

Le lendemain, j'avoue que je passe ma journée en regardant souvent le ciel, en esperant la voir, cette étoile, meme en plein jour...Je prie pour que le sort ne s'acharne pas une deuxieme fois sur notre famille...Heureusement pour moi, je suis en vacances, car sinon, j'aurais été capable de debarquer dans le bloc operatoire...je sais qu'il est entre de bonnes mains, mes collegues...mais quand meme, je trouve le temps long....

A 21h le telephone sonne....

" Bonsoir, Dr DG au telephone, je viens de sortir que bloc operatoire, votre oncle s'est bien comporté, il a été sage, par contre, son état cardiaque était tres preoccupant, je ne vous cache la complexité de la chirurgie et je ne peux me prononcer sur le resultat....Votre oncle arrivera en réanimation dans 1 à 2 heures, vous pourrez telephoner, mais pour tout vous dire, le ciel est gris, le soleil reviendra lorsque nous pourrons le sevrer de la pompe cardiaque et de l'intubation....Je pensai le tuer au bloc....Bon courage..."

5 ans plus tard, ses mots resonnent toujours....

TONTON, la force est avec toi....le docteur, il ne te connais pas....et puis je suis là...tu en vas pas partir comme çà...
Le lendemain, le 31 decembre, je vais en réa, la vison de Tonton intubé, ventilé sans qu'aucun sons ne puissent sortir de sa bouche sont insoutenables pour lui, il voudrait me parler, ca la gonfle, alors je m'approche, je me baisse, je l'embrasse et lui glisse le "Je t'aime..." il me repondra...je pleure, j'ai peur, je ne veux pas qu'il meurt, je lui dit qu'il n'a pas le droit...que je crois en lui....

1er janvier 2005............... BONNE ANNEE!!!!!!!!!

Je passe la porte de son box de réa, le medecin ne m'avait pas menti, il est extubé et sevrer de la pompe cardiaque, on a gagné!!!!!!!!!!il a gagné...putain, je suis fiere!


Pendant sa semaine de convalescence, je bosse dans le service en face, meme étage...Tonton vient prendre son petit dej avec moi, le café d'apres midi et tout et tout, il compare sa cicatrice avec celle des enfants...que de bons moments...ses infirmieres prennent soin de lui, mais franchement ce n'est pas le patient chiant....

"Eh tu sais, je savais que je n'allais pas mourir, je n'avais pas peur...Merci"

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